amedi 17 novembre, Janine Saint-Oyant, présidente de Renaissance du Château de Musinens, présentait à une quarantaine d’auditeurs Jacques Bordon, professeur agrégé de Sciences de la Nature et président du Syndicat Intercommunal pour la protection et la Conservation du Vuache (SIPCV).
Ce dernier nous offrait une conférence diaporama sur cette montagne qu’il affectionne, fait connaître et protège : « Le Vuache montagne insolite. De la connaissance à la protection ».
Le Vuache, appendice de la Haute Chaîne du Jura s’enfonçant sur onze kilomètres dans l’avant-pays savoyard, paraît bien modeste au pied du mont Blanc. Mais quelle richesse !
Jacques Bordon brosse un très large descriptif de ce massif que les gens du Haut-Rhône et du plateau de la Semine pensent connaître. Bien des mystères demeurent pourtant, pour le profane comme pour l’érudit. D’où vient cet étrange mot « Vuache » ? Comment s’est formé le défilé de l’Écluse ? Qu’elle est l’origine des pierres à cupules ? Qu’était vraiment le « mur de César » édifié par la légion romaine pour barrer la traversée du Rhône aux Helvètes ? Quid de la légende des nonnes, Sainte Victoire en tête, importunées (!) par les Sarrasins ?
L’histoire des implantations humaines est moins obscure ; vestiges d’oppidum, châteaux, chapelles, villages sont encore là pour témoigner.
Mais le scientifique a aussi, bien sûr, réponses et explications dans ses domaines de prédilection.
La « faille du Vuache », grande cassure courant de Bellegarde à Annecy, alimente épisodiquement la rubrique faits divers par les séismes qu’elle occasionne. Elle est ici montrée et expliquée. Les deux faces de cette montagne oblongue sont bien différentes. L’une, à l’est, humide et froide, couverte d’une forêt où règne le châtaignier, descend lentement vers la plaine lémanique. L’autre à l’ouest est plus verticale. Composée de falaises bien exposées, elle bénéficie d’influences méditerranéennes. Le contraste climatique est-ouest a au moins un effet spectaculaire, le beso, cette cascade de nuages dégoulinant sur Arcine dans certaines configurations météorologiques.
Jacques Bordon inventorie ensuite les espèces animales et végétales qui peuplent les différents biotopes. Après avoir fait allusion aux espèces disparues (ours des cavernes, ours, loup…) il commente des images, du faucon pèlerin, de l’aigle royal, du tichodrome, du superbe hibou grand duc, celles du chamois installé assez récemment mais déjà familier, du blaireau, de la coronelle lisse (reptile à ne pas confondre avec la vipère aspic !)… Sans oublier insectes et papillons, il passe ensuite en revue les cohortes florales qui font la réputation des lieux, de l’érythrone au lis orangé en passant par le raffinement des orchis.
En fin d’exposé, Jacques Bordon aborde le chapitre qui s’impose alors comme une évidence : la protection. Elle est concertée entre les représentants des nombreuses activités, agricoles, sylvicoles, pastorales, cynégétiques, sportives et touristiques et organisée à l’intérieur d’organismes comme le SIPCV cité ci-dessus. La fréquentation des lieux est facilitée par des sentiers balisés. Les panneaux explicatifs sont, eux, implantés au sommet de la montagne… la connaissance de ces beautés se mérite !
À consommer sans modération mais avec le plus grand respect !
Quelques documents étaient également présentés dont une brochure riche et soignée, qu’il signe avec Jean Charollais, incluant une double carte, géologique et des implantations végétales.